
Tarification opaque et qualité de service de la SNCF : Familles Rurales publie ce jour son étude intitulée « Mobilités : Comment préférer le train au regard des prix pratiqués et de la qualité de service offerte par la SNCF ? ». L'association de défense des consommateurs appelle les pouvoirs publiques à contraindre la SNCF à revoir ses pratiques et à respecter sa mission de service public.
Si Familles Rurales est convaincu de la place déterminante que doit prendre le train dans la décarbonation, comment y parvenir tant au regard des tarifs pratiqués par la SNCF - en particulier à certaines périodes - que de la qualité de service parfois très altérée ? Pour Familles Rurales, le temps est venu de rendre ses lettres de noblesse à cette entreprise tributaire d’une mission de service public, tant pour des raisons écologiques qu’économiques.
L’avion lorsqu’on voyage seul, ou la voiture à plusieurs (dès deux) constituent trop souvent, une alternative plus abordable d’un point de vue économique pour nos concitoyens, et ce malgré une conscience écologique de plus en plus marquée.
Pourtant, les objectifs du contrat de performance 2021-2030 passé entre l’État et la SNCF paraissent limpides : « assurer un European Green Deal » favorisant les modes de transports les plus « durables » notamment en « maximisant les avantages socio-économiques qu’offre le train ». Plus récemment, ce mois de janvier 2025, l’IGAS – Inspection Générale des Affaires Sociales – publiait un rapport1 recommandant de « penser des cadres d’intervention sur la mobilité et le voyage » pour répondre aux problématiques que rencontrent les jeunes ruraux, en particulier ceux touchés par la pauvreté.
De surcroît, l’État – donc les contribuables – a déjà injecté des moyens conséquents dans cette société anonyme à capitaux publics. Ces cinq dernières années il s’est agi de « ponctionner » sur nos ressources 35 milliards d’euros pour « éponger » la dette dont la SNCF était redevable à l’État (25 milliards en 2020 puis 10 de plus en 2022). Pour la seule année 2023, 20,32 milliards d’euros ont encore été prélevés sur nos finances publiques pour soutenir la SNCF. Sans même contester le bien-fondé de ces aides pour le moins « conséquentes » (d’autant plus en période de crise), pour Familles Rurales il est légitime d’en attendre un retour.
C’est dans ce contexte que nous avons mené l’enquête, notamment à partir de l’exemple des TGV, afin de :
- Comprendre la tarification de la SNCF et être en mesure de donner aux consommateurs les clés d’un achat éclairé si tant est que cela s’avèrerait « possible » ;
- Mesurer objectivement les raisons expliquant le mécontentement exprimé par des millions de consommateurs s’agissant de la qualité de service assurée par la SNCF ;
- Exiger et obtenir une amélioration des pratiques par un dialogue plus efficient avec la SNCF, les autorités publiques, le régulateur voire en saisissant le juge si cela était nécessaire.
principaux constats :
I / La tarification dynamique de la SNCF : une boîte noire dont il paraît impossible de percer le mystère : des abonnements qui n’ouvrent aucun avantage à certains moments de l’année et des prix qui passent du simple au triple pour un même trajet au sein d’un même train !
Des prix qui jouent au yoyo avec une constante : des tarifs qui « explosent » à Noël et pendant la période de vacances estivales
Un même trajet, réservé au même moment, dans le même train, même classe affiché à la fois à 39€ et à 118€ selon les critères renseignés
Carte Famille nombreuse, avec trois enfants, une réduction de 0%, 18%, 30% … ou 34%, on ne sait pas trop !
II / Près de 347 000 000 de voyageurs impactés par l’annulation, la déprogrammation ou le retard de leur train en 2023
Déprogrammation ou annulation : près de 178 millions de voyageurs impactés par les 524 000 trains déprogrammés ou annulés en 2023
Retards : 169 millions de passagers impactés. 36,5 millions pour un retard de leur TGV, dont 8,3 millions pour un retard supérieur à 30 minutes
Un régime juridique imposant une indemnisation que 61% des consommateurs n’obtiennent pas pour un retard compris entre 1 et 2 heures
III / 35 milliards d’euros de reprise de dettes et un budget annuel de 20,33 milliards d’euros pour la seule année 2023. Une contribution publique essentielle mais des trains qui restent, malgré tout, inaccessibles a de nombreux usagers…
Un « pacte ferroviaire » par lequel l’État a consenti à la SNCF une reprise de dettes de 35 milliards d’euros en contrepartie d’un « meilleur service public ferroviaire, au meilleur coût pour les voyageurs et les contribuables »
En 2023, la SNCF a encore coûté à l’État - et donc aux contribuables (hors prix des billets) - 20,3 milliards d’euros, pour quel retour ?
Familles Rurales saisit le Premier ministre via une lettre ouverte visant à :
- La mise en place de tarifs socialement plus « justes » conformément à l’esprit du contrat de performance 2021-2030. Il y est notamment inscrit la nécessité de « maximiser les avantages socio-économiques » que doit « offrir le train ». Pour y parvenir, l’un des leviers consiste, selon Familles Rurales, à repenser cette politique sociale et tarifaire au regard des ressources de chacun. Notons que d’importantes marges de manœuvres existent par exemple pour les Intercités dont la politique tarifaire est directement définie par l’État puisqu’il les conventionne. Cela vaut aussi pour les TGV pour lesquels l’État a le pouvoir de mettre en œuvre ses orientations en tant qu’actionnaire à 100% ;
- À lui imposer, dans les plus brefs délais, une mise en conformité avec le règlement européen via l’automatisation des indemnisations dues en cas de retard et d’annulation. Être indemnisé en cas de retard supérieur à une heure est un droit qui ne saurait être soumis à une demande préalable du consommateur comme l’exige aujourd’hui la SNCF ;
- À renforcer les prérogatives de l’ART (Autorité de Régulation des Transports) afin, qu’au-delà de son rôle de régulateur économique, elle puisse réellement « sanctionner » les mauvaises pratiques des opérateurs tant s’agissant de la SNCF que des autres acteurs ferroviaires à venir avec l’ouverture à la concurrence ;
- À mettre en place un système de médiation sur le modèle du MNE (Médiateur National de l’Energie) chargé non seulement de traiter les litiges de manière indépendante et impartiale mais aussi d’informer les consommateurs sur leurs droits et le nouveau contexte d’ouverture à la concurrence. Un comparateur d’offres pourrait compléter ce dispositif afin de faciliter l’accès aux informations difficilement disponibles s’agissant des alternatives à la SNCF.
2 et 3 FIPECO (coût en 2022 et 2023) https://www.fipeco.fr/fiche/Le-co%C3%BBt-de-la-SNCF-pour-le-contribuable
Contact presse :
Niki Vouzas - Tel. 06 49 49 75 17 - niki.vouzas@famillesrurales.org
Découvrez les résultats détaillés de notre étude « Mobilités : Comment préférer le train au regard des prix pratiqués et de la qualité de service offerte par la SNCF ? », ainsi que la lettre adressée au Premier ministre en téléchargement ci-dessous.