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Ma fille prend la pilule !

La chronique de Catherine Siguret, auteure

Catherine Siguret, auteure

 

Voilà, vous êtes tombés chez vous sur une boîte de pilules. Mais pas la vôtre… Comment réagir ? Voici quelques conseils de Catherine Siguret, auteure.

 

Séparer clairement ses émotions des faits

 

Il faut se garder de toute réaction épidermique : se mettre en colère, c'est couper court à tout dialogue, présent et à venir. La plupart des parents estiment que "c'est trop tôt"... Trop tôt pour eux ! Car en la matière, le "bon âge" ne relève pas du choix parental mais de celui de l'intéressée. Certaines jeunes filles sont mûres à 13 ans sur le plan sexuel, d'autres ne le sont pas à 18 ans. Les parents doivent aussi se garder de toute conclusion hâtive en découvrant que leur fille prend la pilule : une prise de pilule n'équivaut pas systématiquement au début de la vie sexuelle.

 

Aborder le sujet

 

Si la pilule traîne en évidence, comme une perche tendue pour entamer le dialogue, on sera plus légitime à en parler. Procéder à une fouille en règle inadmissible est la meilleure façon de briser la confiance. Pour aborder le sujet, il n'est pas interdit de feinter par des "Si tu la prenais un jour, il faudrait que...". La majorité sexuelle légale est à 15 ans mais elle n'est même pas nécessaire pour acheter la pilule. Nul besoin d‘attendre donc la puberté pour en parler.

 

Rappeler les fondamentaux

 

La "mode" car les copines la prennent, l'envie d'avoir des règles régulières ou d'avoir l'air grande peuvent jouer. C'est là que le bât blesse : une pilule n'est pas un bonbon ; un rapport sexuel n'est pas une partie de jeu vidéo ! Ce sont ces deux messages qu'il importe de transmettre. La santé physique et l'équilibre psychologique de la jeune fille en dépendent.

 

Informer sur la dimension « médicale »  

 

Il faut continuer à énoncer certains points capitaux : la pilule est un médicament, sa prise doit être précédée d'une consultation médicale personnelle (et pas d'une copine !), d’une évaluation des facteurs de risques (thromboses, cholestérol…). Enfin, il faut rappeler (rabâcher) que la pilule ne se prend sans préservatif que dans une relation régulière, fidèle, après tests HIV notamment.

 

Quelle attitude générale ?

 

La difficulté est de ne pas faire de l'amour, dont il est au fond question avec cette plaquette de pilule, qu'une question médicale, mais de le replacer dans une attitude générale. L'adolescente a-t-elle l'air d'aller bien ? D'être plus joyeuse ? Avez-vous l'impression du contraire ? En ce cas, il faut impérativement parler. Et tous les parents de rappeler que faire l'amour reste, quoique la société véhicule, l'illustration d'une volonté profonde et intime, notamment aux débuts de la vie sexuelle. Le respect et la gouverne de son propre corps, et pas seulement sur le plan sexuel, est la base de la vie. Quant au fait de ne pas être le ou la première informé(e) de la vie intime de notre chère enfant, on peut le regretter... mais c'est pourtant la condition même de son passage à l'âge adulte !

             


 

Pour en savoir plus :

 

« Les adolescents et la sexualité – 101 questions de mère », Marie Veluire et Catherine Siguret, éditions Robert Laffont, octobre 2010.

 

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Comment parler de la mort aux enfants, par Patrick Ben Soussan, pédopsychiatre
 

Patrick Ben Soussan, pédopsychiatre

La chronique de Patrick Ben Soussan, pédopsychiatre

 

La mort fait partie de ces grandes questions taboues dans le dialogue avec les enfants. Les parents sont persuadés que parler avec son enfant de ce qui fait mal risque de le traumatiser à vie. Mais les mots ne tuent pas et il faut arrêter de mettre les enfants sous cloche. Nous devons les préparer à affronter épreuves et difficultés. C’est pourquoi, très tôt, les parents doivent parler de tout ce qui fait la vie. Pour un enfant de 7-10 ans, la question de la mort s'inscrit par ailleurs dans sa grande quête de savoir, c'est l'âge où on veut tout comprendre de ce qui fait la vie. Et parler de la mort, c’est parler de la vie.

 

Etre simple et clair

 

Lorsqu’un décès survient, il ne faut pas chercher à employer le bon mot ou à trouver une belle image. Il faut se mettre à la portée de l’enfant et lui donner des éléments qu’il peut comprendre clairement. Des images comme « papa est parti pour un long voyage, mamie s’est endormi pour toujours » n’ont pas de sens pour un enfant. Leur dire « il ne pourra plus faire la course avec toi », « tu ne le verras plus » ou « ses câlins vont nous manquer » aura plus de résonance. Chaque enfant est capable d’interpréter ce qu’on lui dit avec son niveau de connaissances et de développement. Il est faux de penser qu’un enfant confronté à la mort, d’autant d’un proche, sera un adulte malheureux, tout comme il est faux aussi de penser que les enfants peuvent traverser ces drames sans heurts. L’épreuve a été vécue et rien ne pourra l’effacer.

 

Etre attentif à ses réactions

 

Chaque enfant réagira différemment, à l’annonce d’un décès, en puisant selon sa personnalité et la dynamique familiale. Il peut être triste, abattu, renfrogné, mutique, mais aussi témoigner d’une véritable colère. Ces comportements induisent souvent beaucoup d’incompréhension de la part des parents. Quand les difficultés durent, il faut s'inquiéter de l'isolement, de la rupture des passions ; il faut être attentif au sommeil, à l’appétit, aux résultats scolaires.

 

L’enfant n’est pas un thérapeute

 

Il faut aussi savoir que si la mort touche un proche, l’enfant est parfois promu thérapeute, consolateur. Il arrive parfois qu’il se sente responsable de cette mort survenue, intimement persuadé qu’il y est pour quelque chose. Il peut se morfondre longtemps dans cette culpabilité qui l’empêche de grandir et de vivre. Prenez donc le temps d’écouter ce que les enfants nous disent, ils ont à être reconnus dans leur parole et leur douleur.

 

Des livres pour en parler ou y réfléchir :

Pour les enfants : Envolée, Corinne Dreyfus, Paris, éditions Frimousse, 2012 (album sans texte)

Pour les adultes : L'enfant confronté à la mort d'un parent, sous la direction du Dr Patrick Ben Soussan, Toulouse, éditions Erès, 2013.
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Comment se détacher de son tout-petit ?
Virginie Megglé
Virginie Megglé, psychanalyste

Il n'y a pas un mode d’emploi unique. Chaque enfant a sa constitution, chaque mère et chaque foyer, ses particularités. L’important est que la séparation soit progressive, se passe sans heurt autant que possible, et que vers quatre mois vous ayez trouvé la bonne personne sur qui compter en votre absence.

 

Sortir peu mais libre

 

Lorsque bébé a atteint un mois ou un peu plus, vous pouvez le confier dans la journée dès que l’espace entre deux tétées ou deux biberons le permet. Il vaut mieux sortir peu, mais sortir aussi libre que possible, à un moment où le bébé ne ressent ni la faim, ni la fatigue. Eviter de sortir avec votre portable, il est préférable de couper le cordon là aussi.

 

Père, mère ou belle-mère : Qui peut vous aider pour la transition ?

 

Le père est bien placé pour opérer la transition de la séparation, mais on peut déjà se mettre en quête de la perle rare, en qui vous aurez une totale confiance, pourvu qu’elle soit prête à recevoir les consignes et à les respecter. Et n'allez pas penser automatiquement à votre mère ou belle-mère, même si elle garde bébé depuis la naissance. Il est plus facile d’indiquer et plus encore d’imposer sans tension les petits rituels d’un bébé à une personne de son choix !

 

Préparer un environnement familier

 

Un nourrisson a besoin de stabilité. La personne à qui vous le confierez doit lui être présentée en amont. Il faut prendre soin, dès la première séparation, de le prévenir de votre départ et l’assurer de votre retour. Même à 4 mois, vous pouvez lui dire ; il sentira certainement, par votre ton et votre comportement, que quelque chose de significatif lui est adressé. Rien de plus inquiétant pour lui que d'être livré soudain à « l'étranger » sans y avoir été préparé.

 

A 3-4 mois, envisagez des sorties plus longues

 

Une fois son rythme calé, entre trois et quatre mois, des moments de séparation plus longs peuvent être envisagés. Il a alors gagné en autonomie, en principe il fait ses nuits. C’est le moment idéal pour imaginer des soirées en couple, sans lui. Attention, il ne s’agit pas non plus de sortir tous les soirs !

 

Et vers 8 mois, un petit week-end ?

 

Certains auront entendu qu’il fallait éviter toute séparation à l’âge de huit mois. Cela n’est pas une vérité absolue : un enfant bien préparé ne connaîtra pas particulièrement d’angoisse de séparation à cette période. A cet âge-là, il commence à bouger seul, les parents peuvent songer à s’éloigner de lui le temps d’un petit week-end. Il pourra d’autant plus vaquer à ses occupations pendant votre absence qu’il a pris l’habitude de vous voir revenir.

 

 

De l’auteur :

 

« Aimer ses parents, même quand on en a souffert », février 2015, Éditions Harmonie Solar

« Frères et sœur, guérir de ses blessures d'enfance », mars 2015, Editions Leduc.s

« Les séparations douloureuses, guérir de nos dépendances affectives », février 2015, Éditions Eyrolles 

« Le bonheur d'être responsable, vivre sans culpabiliser », février 2014, Odile Jacob

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Les caprices le matin, comment faire ?

La chronique de Christine Brunet, psychologue clinicienne.

 

Des pleurs, des cris, des colères avec parfois des coups de pied qui empêchent d’accepter le rythme et font prendre du retard. Voilà ce qui préoccupe ou contrarie le plus les parents et crée une exaspération pour toute la famille : « les caprices du matin ».

 

Le matin, les parents aussi ont « leur école »

 

Il est très important d’expliquer les règles du vivre ensemble et de les rappeler à certains moments de la semaine. Le matin, l’enfant a « rendez-vous » avec son maître et sa classe, il est attendu, comme son parent est attendu au bureau, il a rendez-vous avec des collègues.

 

Préparer le maximum la veille

 

Pour anticiper, il est judicieux par exemple de prévoir le soir les habits qu’il mettra le lendemain tout en le faisant participer ; de vérifier que l’enfant a préparé son cartable ou son sac s’il va à la maternelle. En préparant la table du petit déjeuner la veille, il se sentira attendu quand il arrivera dans la cuisine.

 

Se lever plus tôt

 

Il vaut mieux que le parent se lève un peu plus tôt et qu’il soit prêt au moment du réveil de son enfant. Quelques minutes de sommeil en moins, c’est frustrant mais cela permet une meilleure disponibilité et un déroulement plus serein des différentes étapes… Si le parent est prêt avant, cela évitera les cris sous la douche, peu constructifs, inutiles et en général signes d’énervement.

 

Garder son calme et jouer la carte de la bienveillance

 

Mieux vaut éviter d’anticiperle caprice en adoptant un ton autoritaire ou déjà excédé en réveillant l’enfant, et gardez un ton bienveillant et chaleureux : « Je suis fière de toi, tu as bien avancé » par exemple.  Et non « évidemment, comme d’habitude, tu vas faire ta crise, ton caprice »…

Pensez à développer la communication non verbale afin de contenir la colère et cherchez l’apaisement : le ton, le regard, le geste qui accompagne l’enfant ou dit stop. Vous pouvez même chuchoter à l’oreille, tout le monde sera plus calme.

 

Parents, gardez confiance et bienveillance, exercez votre autorité sans autoritarisme mais avec bon sens (il ne s’achète pas mais il existe) et votre enfant parviendra à passer des étapes en acceptant la frustration et les règles du vivre ensemble.       

 


 

 

Pour continuer à avancer :

“Petits tracas et gros soucis de 1 à 7 ans », Christine Brunet, ed. Albin Michel, nouvelle édition (mai 2002).

“Dis bonjour à la dame”, Christine Brunet, ed. Albin Michel, janv. 2012.

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Parité, égalité, où en est-on aujourd’hui ?
Brigitte Grésy

Si l’égalité des droits s’est considérablement accélérée au cours des dernières décennies, la répartition des tâches domestiques a peu évolué, ainsi que la prise en charge des enfants et des parents dépendants. Selon une étude de l’INED de 2009, les femmes assurent toujours 80% des tâches ménagères et le déséquilibre est d’autant plus prononcé qu’il y a d’enfants dans la famille et que le dernier est jeune.

Le cumul emploi/famille est, entre autres raisons, l’une des causes de ces écarts qui perdurent dans la sphère professionnelle. Mais les femmes en responsabilité sont aussi confrontées au « plafond de verre », que constituent les barrières invisibles et artificielles créées par des préjugés comportementaux et organisationnels.

Brigitte Grésy,
Inspectrice générale des Affaires sociales, auteure du rapport sur l’égalité professionnelle (juillet 2009)

Une prise de conscience sur l’invisibilité des femmes dans les instances de décision est-elle en train de s’opérer ?

Il y a un consensus sur le fait que la loi est le seul moyen de casser la logique de cooptation masculine qui prévaut. Je propose l’établissement de quotas obligatoires (40% pour le sexe sous-représenté en 6 ans) au sein des conseils d’administration et de surveillance des entreprises du CAC 40 et dans les entreprises publiques. Cependant, il faut que ce type de mesure soit transitoire et qu’il promeuve des femmes à valeur comparable avec les hommes.

Mais la loi est-elle suffisante ?

Si l’on modifie les conditions de mise en œuvre de la négociation collective, si on rend les sanctions financières effectives, les entreprises seront plus enclines à changer. Mais seule, la contrainte n’est pas suffisante ; elle doit s’accompagner d’une sensibilisation interne pour convaincre. Par ailleurs, les femmes elles-mêmes doivent prendre la question en main, notamment grâce et dans les réseaux.

Dans le monde associatif, les hommes sont plus nombreux dans les CA que les femmes. Comment l’expliquez-vous ?

De la même manière que dans les entreprises. Au travail, les relations entre les femmes et les hommes ne sont pas pensées. La manière dont les femmes gèrent les réalités de la vie est différente de celle des hommes, en raison, entre autres, de la « double journée » à laquelle elles sont contraintes et qui a une incidence sur leur investissement professionnel ou bénévole. Seuls un meilleur partage de la parentalité entre hommes et femmes et une nouvelle organisation des modes de travail permettront aux femmes d’accéder véritablement à des postes de responsabilité.

Auteure du Petit traité contre le sexisme ordinaire, Albin Michel.

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