A Givonne, derrière les murs, on fourmille d’idées et d’initiatives… (Ardennes)

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Poussez la porte, tendez l’oreille, jetez un œil…

L’hôtel Relais a bien du mal en ce moment. La « crise » est passée par là ; Sedan ne fait pas exception et fait grise mine. A en croire un passant c’est tout le temps : « J’habitais le Nord avant et ça vivait, il y avait de la solidarité. Ici, les villages sont un peu morts et les gens ne sont pas très ouverts ». A en croire l’association Familles Rurales de Givonne, on ose le contrarier.

 

Certes l’ambiance y est calme. Cinq commerces, des lotissements individuels et des maisons anciennes s’étalent sur une commune assez étendue. Hormis un restaurant ouvert, pas de cinéma ou de cafés qui donnent l’occasion de sortir. En revanche, tendez l’oreille près de la salle des fêtes et vous entendrez la danse du monde ; passez un œil dans le préau et vous y verrez les danseuses de Giv’Danse ; poussez la porte du presbytère et vous y entendrez discuter le club des Doigts des fées. Et ce n’est pas fini car derrière les murs en pierre jaune de Dom-le-Mésnil, si typique de la région sedanaise, se déroule la plupart des quatorze activités de Familles Rurales. Alors quand certains s’évertuent à dire qu’« il n’y a pas grand-chose à Givonne »

 

Favoriser les liens d’amitié dès l’enfance

 

Sur la surface bitumée de la cour de récréation, la dizaine d’enfants, pulls tombés et rougis par l’effort, courent, sautent, crient. « Allez plus vite plus vite ! Vas-y  tape ! » s’époumonent les jeunes survivants de la course relais. « C’est bien que le temps soit avec nous car normalement c’est dans le préau ! » confesse Bernadette Barré, bénévole de l’association. Chaque mercredis, les petits d’abord, les grands après se dépensent pendant une heure. Mais en ce début septembre, tous sont exceptionnellement ensemble pendant deux heures. Et pour certains parents, il faut remettre les pendules à l’heure. « Ca dure deux heures aujourd’hui ? » demande timidement une maman arrivée trop en avance. Souriante, Bernadette Barré la rassure, elle peut récupérer son fils dès maintenant. « Ho mais je ne suis pas certaine qu’il va vouloir ! » répond la maman avant de faire demi-tour. Si le multisport du mercredi ne peut être un mode de garde pour les parents, il est un moyen pour les enfants de mieux se connaître, de tisser des amitiés. « Les enfants qui étaient chez leurs grands-parents cet été à Givonne sont partis. Or ici mon fils ne connait pas grand monde car il n’est pas scolarisé dans la commune. Alors quand il a vu la voiture de Christelle [l’animatrice], il a tout de suite voulu venir »confesse une autre mère.

 

Bénéficier des mêmes avantages qu’en ville

 

Toute l’année, l’association locale propose ping-pong, reliure, marche, pêche, peinture, pétanque… « C’est bien d’avoir ce type d’associations en milieu rural car nous n’avons pas les mêmes avantages qu’en ville. Il y a une activité tous les jours et ça permet de rassembler les personnes d’âge différente » explique Mme Daboval, la boulangère. Et croyez-le ou pas, le public n’est pas forcément celui qu’on croit. « Monsieur ! ». Un jeune adolescent a reconnu Claude Capy, président de Familles Rurales. « Quand est-ce que le concours de pétanque est organisé cette année ? ». Entre la mairie et l’école, des jeunes font du skate, raclent les protège-genoux en glissant sur la pente. Alors que pour certains, ils trainent, eux diront qu’ils s’entraînent, comme les jeunes filles  de Giv’danse de Familles Rurales. Le préau s’est transformé en coulisses et les « moovies », leur nom de scène, se meuvent sur l’air de Notre-Dame-de-Paris. Farouches, les jeunes filles n’aiment pas trop les questions et préfèrent se concentrer. Une se lance cependant : « Des amis en faisaient déjà ici, l’ambiance est plus sympa que là où j’étais avant ».  

 

L’association draine une population extérieure à Givonne et vivifie la commune

 

Les adhérents de l’association viennent de 31 villes et villages. L’association Familles Rurales draine une population extérieure à Givonne au sein de la commune. Une petite victoire car ici les habitants peinent à se mélanger. Les « quartiers » de Givonne - le centre historique, le quartier du « fond de Givonne », les lotissements récemment construits et les logements collectifs - sont en effet bien distincts. La route ou l’ancienne voie ferrée les séparant.

 

Sans vraiment le vouloir, l’association de Givonne incarne le modèle associatif de Familles Rurales : « pour et avec les familles ». Ici les animateurs sont des bénévoles. Ce soir c’est Anaïs la professeur, élève du cours de danse adulte. Au gala de fin d’année, ce sont six mamans qui font les 120 costumes. Pour les sorties patinoire à Charleville-Mézières, les parents encadrent les enfants. Ambiance détendue et familiale garantie donc. Dehors, la responsable de Giv’danse confirme « Au gala, les spectateurs hors du cadre familial nous le disent : ‘vu de l’extérieur vous ressemblez à une grande famille »

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Ce qui fait recette : L’expérience personnelle à la source de l’engagement

Au conseil d’administration de Givonne, on dit d’abord, on réfléchit après ; une méthode qui paie car elle ne s’encombre pas des préjugés et des difficultés d’organisation. Un véritable tour de force quand on connait les difficultés pour trouver bénévoles.

 

Là, au presbytère mis à disposition de Familles Rurales par la mairie, en haut d’un escalier étroit qui mène à la salle de « réunion », les bénévoles fourmillent d’idées, feuilles à la main... Bien souvent, ils puisent dans leur expérience personnelle avant de proposer des animations comme la mobilisation en faveur du Téléthon. « Pour tout le monde c’est une super soirée, tout le village participe » déclare Betty, responsable du club créations. Ou encore l’atelier « cuisine d’ailleurs » que Marylène Lambert, déjà responsable des Doigts des Fées depuis septembre, souhaite mettre en place. Ensuite c’est la Saint-Nicolas qu’ « il faut garder [car] ca fait tellement plaisir aux enfants », puis la fête de la musique en juin. « Entre temps il n’y a plus rien ! » dit Francine Sayer, animatrice du groupe Danses du monde. Qu’à cela ne tienne : « on vous propose un repas dansant en avril » annonce-t‘elle le sourire aux lèvres.

 

Contact : Claude Capy, président de l’association Familles Rurales de Givonne – 06 89 78 28 23

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Familles Rurales est un pilier pour les élus ; elle répond toujours présente !

Raymonde Mahut,

Maire de Givonne (1 100 habitants)

Quel regard portez-vous sur l’association ?

 

Le rôle de Familles Rurales, en diversifiant ses activités a pris de l'ampleur en intégrant progressivement toutes les tranches d'âge. C’est le cas par exemple du Club Giv'Dance qui accueille plus de 120 danseurs et danseuses à partir de 6 ans et plus de 500 spectateurs lors de leur gala annuel.

 

En tant que maire, que vous apporte Familles Rurales ?

 

L’association est un vecteur important de lien social dans le village. Elle nous permet d'avoir un regard pertinent et approprié sur les besoins des Givonnais en matière  d'animation. Elle est forte de propositions pour assister la commune dans les manifestations sportives ou culturelles, comme pour la Fête de la musique qu’elle organise. L’association favorise les rencontres. On travaille ensemble dans l’intérêt des habitants.

 

Comment expliquez-vous leur succès ?

 

L’association fonctionne depuis près de 40 ans. Elle a sa place ici ; les bénévoles ont établi un lien solide avec les habitants. La solidarité entre adhérents et familles participe au dynamisme de l'association qui compte 14 clubs. La plupart des personnes participe à l’organisation de manifestations Familles Rurales, chacune à leur manière.
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    Les mercredis, pendant une heure, les enfants se retrouvent autour d’activités sportives organisés par l’animatrice.